Y'avait une ville...
Elle s'appelait Château Monthoux.
Cité fragile, ville d'argile,
Pétrie par un mage un peu fou.
Forteresse, fanions au vent
Vitrail, bibliothèque haut perchées
Quartier de riches et d'étudiants,
Dégringolant en contrebas,
Un port, des bateaux amarrés,
Des ponts tout tressés d'entrelacs.
Elle poussait sur quelques rochers
Au bord du Toleure asséché
Mince ruisseau
Qu'on enjambait
d'un saut.
Jusqu'aux genoux dans la glaise
Son architecte improvisait,
Distrait par une salamandre
Grenouille, chenilles, papillons.
Un curieux s'y est arrêté,
Puis dix, puis cent, puis les télés
Le mage pétrissait.
Sachant qu'un jour, la pluie viendrait.
Elle a fini par arriver
Et la cité fut avalée.
Reste l'ermite face au roulis
De la rivière retrouvée,
On y entend gronder les pierres
Par l'eau torsade retournées.
« Y'avait une ville, et y'a plus rien »
Chantait Nougaro dans le noir,
Son premier disque, en 58.
Lui, c'était une tout autre histoire :
Une bombe « A », celle qui fait « pfuit ! »
Tiens, c'est marrant, on en reparle
Sous les feuilles recroquevillées.
Toleure, route Bière-Ballens, 6 octobre 2022. Nikon D5500, Micro-Nikkor 40mm. f2.8
Site de François Monthoux.
© Jean-Claude Péclet, 2022. Reproduction soumise à autorisation