"Comme je vous vois" *
" Ceux qui me voient venir
Moi aussi je les vois venir
Un jour le froid parlera,
Le froid repoussant la porte montrera le Néant.
Et alors, mes gaillards, et alors ?
Petits déculottés qui plastronnez encore,
Gonflés de la voix des autres et des poumons de l'époque,
Tout le troupeau, je le vois dans un seul fourreau.
Vous travaillez? Le palmier aussi agite ses bras.
Et vous guerriers, soldats au bon coeur, vendus bénévoles.
Votre belle cause est mesquine. Elle aura froid dans les couloirs de l'histoire.
Comme elle a froid !
Je vous vois en tablier, moi, est-ce curieux !
Je vois le Christ aussi - Pourquoi pas ? -
Comme il était il y a près de 1940 ans.
Sa beauté déjà disparaissant,
Le visage rongé des baisers des futurs chrétiens.
Alors, ça marche toujours la vente des timbres pour l'au-delà ?
Allons, au revoir tous, je n'ai encore qu'un pied dans l'ascenseur.
Adios ! "
* Poème de Henri Michaux in "La Nuit remue"
Malley, mur arrière du théâtre TKM, anciens abattoirs et usine à gaz, Café des Bouchers, école de théâtre La Manufacture, 8 novembre 2020.
Leica M10 Monochrom, Summilux 35mm. f1.4 et apo-Summicron 50mm. f2
© Jean-Claude Péclet. Reproduction soumise à autorisation