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Humilité

Bien sûr…
Ce désir de faire le point, dicté par l'artifice du calendrier. Réflexe de journaliste en panne d'actualité, réflexe d'humain que tiraille son désir de faire mieux, au moins de comprendre où il en est. Désir amplifié par un événement rare comme une pandémie, à laquelle notre époque de bavardage en ligne exacerbé confère une dimension planétaire.
Nous sommes tout dans le même bateau secoué par les vagues, n'est-ce pas ?
Non.
L'honnêteté élémentaire de ce genre d'exercice commande de préciser de quel point de vue on parle. Le mien est celui d'un privilégié. « Groupe à risque » mais pas trop, en assez bonne santé, touchant ponctuellement sa retraite à la fin du mois, habitant un pays où le système social et de santé fonctionnent relativement bien. Pas de jardin à moi pour occuper ma solitude, mais une épouse et quelques ami(e)s solides, une bibliothèque où s'évader avec de vieilles connaissances, un peu de curiosité et le goût des balades.
Voilà une des premières inégalités. Notre moral, rappelle Virginia Woolf dans « Un lieu à soi », dépend de conditions matérielles minimales et d'un vivier où pêcher les truites fuyantes de la créativité. Celui qui n'a jamais appris à débroussailler son chemin dans la jungle des livres n'ose pas s'y aventurer, même quand ces derniers sont à disposition gratuitement. Celui ou celle qui ne sait pas marcher ne va pas y arriver d'un coup quand tombent les béquilles des habitudes.

Nous sommes, essentiellement, seuls face à ce qui arrive. Toujours. Un peu d'amour, des passions ou un rythme de vie régulièrement entraîné aident à affronter l'imprévu, mais cessons de bêler la solidarité. Foutaise de toutes les foutaises. Nous ne sommes pas solidaires.
Voyez le personnel soignant. Au printemps 2020, la population sortait au balcon pour applaudir son dévouement. Fin 2020, l'hôpital est devenu l'ennemi. Oui, l'ennemi. Pour justifier le fait d'étouffer nos vies sociales et piétiner nos libertés, les autorités – celles-là même que nous avons élues pour défendre l'intérêt commun - brandissent des chiffres et des courbes. Voyez le taux de reproduction de la maladie, la saturation des soins intensifs ! Chacun les commente ou les conteste selon ses convictions. Y'avait qu'à pas réduire les capacités hospitalières comme vous l'avez fait ! (Ces mécontents oublient qu'ils protestaient tout aussi fort contre la hausse des primes d'assurance-maladie). Y'a qu'à ajouter des lits, engager du personnel. Vous n'allez pas paralyser la société à cause de quelques hôpitaux surchargés. Les soignants sont payés pour leur travail, qu'ils cessent de se plaindre ! Notre patience face au stress des infirmières s'épuise vite.
Les morts ? On n'en parle plus, ou si peu. Depuis six semaines, il meurt en Suisse une centaine de personnes par jour suite au Covid-19, un des taux les plus élevés au monde par rapport à la population. Mais... morts du virus, vraiment ? Si âgés de toutes façons - la plupart, du moins - une délivrance au fond. Tout cela se passe derrière les murs des EMS, derrière des vitres en plexiglas, derrière des masques. Triple protection contre le rictus de l'agonie. Que les faibles se protègent, laissez les autres vivre, slogan de l'année.
Je persifle, fais dans la provocation cynique ? Même pas. Tout en respectant les consignes – on ne se refait pas, quand on a été un gentil garçon bien élevé – je ne suis pas loin de partager cet avis.

Chacun aura noté l'énorme différence entre les deux semi-confinements imposés par la pandémie. Au printemps, arrêt brutal et quasi total de toute activité. Le silence soudain, ciel dégagé, le chant des oiseaux. Nous étions en état de sidération, comme on dit. Inquiétant et agréable à la fois, ivresse de l'apesanteur que crée un avion lancé à pleines turbines qui les coupe soudain, amorçant une brusque descente. On s'imagine en ange. Ceux qui protestent contre la destruction de la planète goûtent l'instant de grâce et ne veulent pas d'un « retour à l'anormal ». Ceux qui s'inquiètent du crash se rassurent en écoutant le capitaine : « Nous allons rallumer les réacteurs dès que possible et indemniser les passagers incommodés».
Deuxième semi-confinement : il n'y a plus vraiment de capitaine. Passagers et membres d'équipage, tout le monde parle en même temps, d'autant plus fort que c'est à tort et à travers. On ne va plus vers les beaux jours, mais vers le sombre hiver. Et on a enfin compris une chose qui sautait pourtant aux yeux dès le mois de mars : l'important pour les «responsables» est de faire tourner la machine. Assurer les services essentiels, faire que les travailleurs travaillent et que les consommateurs consomment. Et surtout, limiter les indemnités que l’État (c'est-à-dire nous, nos impôts, en définitive) devra verser aux victimes économiques de la pandémie.
Quant à l'homme social, qui aime retrouver ses semblables au café, à l'église, dans une salle de concerts ou de théâtre, etc, cela relève de l'accessoire. « Non-essentiel », autre mot-clé de 2020, à côté de « gestes barrière » et « distance sociale » (au lieu de « distance sanitaire »...). Peu importe si rien ne prouve qu'on risque plus d'attraper le virus dans une salle de concert respectant les consignes que dans un train bondé, les choix se font sans ronds-de-jambe. La culture, largement subventionnée, coûte de toutes façons cher à la collectivité, lieux ouverts ou pas, alors fermons. D'ailleurs les accros de spectacles, minorité privilégiée et dispersée, ne protestent pas tant que ça. L'important est « d'envoyer un signal fort » à une population indisciplinée. Fermons.
Oui, mais les jeunes, brisés dans leur élan vital ? Ah, qu'ils arrêtent leurs jérémiades, les jeunes ! Ils s'en remettront. Pensez aux Suisses qui avaient, disons, quinze ans en 1939. Confinés pendant six ans à l'intérieur des frontières, mobilisés (mais préservés du casse-pipe, eux), nourriture rationnée, vacances aux champs, peu ou pas de distractions. Le « problème » des jeunes d'aujourd'hui n'est-il pas de réapprendre ce que veut vraiment dire vivre ? Propos de vieux con, bien entendu, mais le sentez-vous courir sous l'épiderme ?
Solidarité, mère de toutes les vertus.

Dans cette cacophonie généralisée, nous autres Suisses avons au moins appris quelque chose : l'humilité. Au printemps, nous réagissions avec le petit doigt sur la couture du pantalon à l'ordre de marche du Conseil fédéral. Et, ô merveille, ça a marché. La courbe des contaminations baissait aussi rapidement qu'elle était montée, fin d'alerte. Puis, dès l'été, nous avons méchamment merdé. Qui ? Tous : les autorités, incohérentes ; la population, insouciante ; les épidémiologistes, contradictoires et alarmistes, bêtement pris au piège de la médiatisation ; le journalisme, agonisant ; les statisticiens, avec leur méthodes de grand-papa… Un échec collectif. La riche Suisse n'a pas fait mieux que les autres, plutôt moins bien en fait.
On s'en souviendra, d'autant plus que la pandémie s'est doublée d'un exercice de nombrilisme rappelant la propagande des années de guerre. Pas une personnalité interviewée le matin par la radio publique à qui on ne posât la question rituelle : « Et où passerez-vous vos vacances EN SUISSE cette année ? » Helvétie chérie, ses sentiers de montagne, ses lacs riants, ses pistes cyclables, ses petites villes assoupies… Tant mieux si certains ont (re)découvert ses charmes. A d'autres, dont je fais partie, ce matraquage n'a donné qu'une envie : être propulsé d'un coup de baguette magique dans n'importe quelle banlieue grise de Biélorussie ou du Laos. Ailleurs, bon Dieu, ailleurs ! Loin de ce déluge de cartes postales, de glaciers ratatinés et de couchers de soleil sur Saint-Saphorin.
Car nous n'avons pas seulement cultivé notre jardin, au propre comme au figuré, nous avons oublié le monde, sauf pour y lire le hit-parade de la pandémie. Les Américains, les Français font-ils mieux ou moins bien que nous ? Ce faisant, nous n'avons certes fait qu'amplifier un curieux trait de caractère : le monde nous intéresse quand il va mal. Un tremblement de terre, une guerre, une catastrophe ferroviaire. Comme journaliste, je conserverai du Forum de Davos 2005 le souvenir inoubliable d'un Klaus Schwab qui arpentait la scène, en extase, déclamant: « tsunâââmi, tsunâââmi ». Ah, il le tenait, son événement mondial pour secouer son auditoire repu, avec juste ce qu'il fallait de victimes occidentales et de plages à cocktail pour le rendre « concernant ».
Et les créateurs de mode au Kenya ou en Côte d'Ivoire qui continuent d'inventer des vêtements extraordinaires ? L'entrepreneur péruvien qui a commercialisé un procédé de construction plus économe en énergie ? On les invite aussi, bien sûr, ils font le bonheur de quelques réunions en petit comité, nous sommes chaque fois ravis et stimulés d'en rencontrer un. Mais allez savoir pourquoi, collectivement, ils ne nous intéressent pas vraiment. Demandez à tous les journaux qui font du volontarisme pour diffuser des nouvelles positives : ça ne marche jamais.
Gramsci à son frère Carlo : « Je suis pessimiste avec l'intelligence, mais optimiste par la volonté ». Bien dit, camarade. C'est un état d'esprit. Gramsci le cultivait depuis sa prison. Nous ne sommes pas vraiment prisonniers, « semi-confinés » seulement, et découvrons que c'est en fait plus difficile à vivre.

Avec cette pandémie, « le temps passe-t-il plus vite ou plus lentement ? » se demande le professeur émérite Manfred Schneider dans la NZZ, s'interrogeant sur la « Zeitgeist » (l'esprit de notre époque). Les messies se font rares, constate-t-il, remplacés par le mille-feuilles dégoulinant de crème rance et parfois goûteuse sur les réseaux sociaux. Nous sommes devenus méfiants du progrès, de la science. Curieux, à ce propos, d'entendre dans le débat des chiffres sur le Covid ces injonctions de «faire confiance à la science » - comme si la science n'était pas une remise en question constante de toutes les certitudes.
Les penseurs allemands ont créé le terme « Zeitgeist » il y a deux siècles, quand les sociétés occidentales stimulées par « l'esprit des Lumières » s'apprêtaient à prendre congé des rois, à célébrer l'avènement du libéralisme et de son antithèse, socialiste ou communiste. Certains – parmi les jeunes notamment, c'est normal – voient dans ce virus apparu parallèlement à une prise de conscience tardive mais puissante des dégâts infligés à l'environnement, le signal d'une révolution à parachever. Poussons le raisonnement plus loin en y invitant Malthus : nous sommes trop nombreux sur cette planète aux richesses surexploitées, inégalement réparties. Laissons la nature faire son travail de rééquilibrage. Hécatombe chez les vieux riches cramponnés à leurs possessions ? Let's go !
Je repense au coup de gueule d'une amie Facebook, Sarah Dohr, lorsque les cafés restaurants vaudois ont dû à nouveau fermer: « Dès aujourd’hui, nous pouvons considérer que nous ne vivons plus dans une démocratie, mais dans un état arbitraire ». Et d'en appeler à Goethe, « Agir de manière arbitraire, c'est la fortune des riches » ou à Raplh Waldo Emerson, « La peur conquiert plus d'hommes que toute autre chose au monde ». « C'est maintenant que le peuple doit dire stop », conclut-elle.
Sonnez trompettes ! « C'est qui, « le peuple », lui ai-je demandé. « Le peuple, c'est les gens qui ne se laissent pas diriger par la peur, a-t-elle répondu. Il est vrai que j’en connais très peu ici en Romandie. Beaucoup plus en suisse allemande. Mon défaut de considérer que les Romands sont pareils aux Suisses allemands. »
Et vlan ! Sarah : prise en flagrant délit de manichéisme (il y aurait donc un bon et un mauvais peuple) et de cliché anti-Welsches. Dès qu'on commence à catégoriser « le peuple » de façon exclusive, on se comporte de façon peu démocratique, pavant le chemin vers l'enfer des dictatures bien intentionnées. Quant aux Alémaniques supposés plus libertaires, c'est souvent vrai, mais pas tellement dans le cas particulier, où ils grommellent et finissent par obéir comme les Romands. Je suis d'accord avec Sarah sur la citation de Goethe - à ceci près qu'on pourrait préciser: les riches vieux n'ont pas seulement l'argent, mais aussi le pouvoir. Se laisseront-ils déboulonner si facilement que cela ?

Poussons tout de même le scénario jusqu'au bout. A un certain moment de la pandémie, mettons en février 2021, tandis que le Conseil fédéral annonce de nouvelles restrictions face à une troisième vague de virus « mutant », un mouvement né sur les réseaux sociaux propose un simple badge portant ces trois lettres : NON. Celles et ceux qui l'arborent refusent le masque, les distances sanitaires, rouvrent cafés et salles de spectacles. Dûment amendés par la maréchaussée, ils déchirent l'amende, certains vont en prison et deviennent des martyrs, le mouvement prend de l'ampleur, les autorités sont débordées. Ensuite ? Je laisse chacun compléter le scénario de cette révolution suisse née d'un virus, qui passionnerait sans doute les historiens.
En attendant, je reviens au « Zeitgeist » du professeur émérite Manfred Schneider. Je pense cette fois au dossier que L'Hebdo avait consacré, quand j'y travaillais, à l'urbaniste et essayiste Paul Virilio et à ses thèses sur la vitesse, l'accélération de nos sociétés contemporaines. Elles fascinaient mon collègue Pierre Veya. Allez savoir pourquoi, elles ne m'ont jamais convaincu. J'ai au contraire le sentiment non-prouvable mais tenace que derrière leur voile vibratile de voyages en tous sens, d'échanges fébriles et de révolutions technologiques, les sociétés industrielles issues des Trente Glorieuses ont vécu en réalité une sorte de ralentissement généralisé, bien avant la pandémie. Collectivement, nous ne décidons plus rien de vraiment important (voir le climat, la fossilisation des institutions internationales), ou alors des demi-mesures « en attendant ». En attendant quoi ? Il faut, constate-t-on de toutes parts, ménager la chèvre et le chou. Ce qui vous énerve tant, Sarah, n'est pas la mort des libertés, mais le fonctionnement frustrant de la démocratie. Ce n'est pas pour rien que les régimes autoritaires ont le vent en poupe. Envie de coup de rein salutaire pour sortir de l'ornière, gloire aux « Querdenker » (ceux qui pensent autrement), formez vos bataillons.
Oui, tout cela, bien sûr.


Et à défaut de « tout cela » (qui peut arriver, je ne l'exclus pas), qu'est-ce que cette pandémie change au fond de nous-mêmes, à supposer qu'elle change quelque chose. Ce cher professeur émérite Manfred Schneider cite la « Montagne magique » de Thomas Mann, dont un des protagonistes propose cette hypothèse dérangeante, donc stimulante : et si l'avenir (?) de l'humanité résidait, précisément, dans la maladie elle-même, dans cette vie de sanatorium que le héros de la « Montagne magique » cherche d'abord à fuir avant de s'y engluer avec une certaine extase... Lisez aussi le début de « Moravagine » par Blaise Cendrars, le scénario est presque identique.
Ou sommes-nous à la veille de ce qu'on pourrait appeler le retour du sacré ? Le sociologue Michel Maffesoli suit quelques pistes intéressantes à ce propos sur le site « Le Courrier des stratèges ». Notez au passage que l'envie de sacré et la foi sont deux choses bien différentes, pour ne pas dire antinomiques. Schématisons à la hache. En liquidant, pacifiquement ou non, le pouvoir temporel des curés au cours des trois derniers siècles, nous avons un peu jeté le bébé Jésus avec l'eau du bain. Il fut un temps où la religion et la philosophie avançaient de pair, où l'on ne brûlait pas forcément les hérétiques sur un bûcher, où science et foi ne se faisaient pas forcément la guerre.
Nous voici orphelins de « quelque chose ». Nous aimons bien le pape actuel parce qu'il est simple et passe volontiers pour un dirigeant bénévole d'ONG et non le gardien du dogme. Nous inventons des rituels touchants pour disperser la cendre de nos défunts dans quelque clairière aimable. Ces morts, toutefois, n'habitent plus parmi nous comme ils le faisaient. Pendant ce temps, les évangélistes de tout poil font recette, on ne dira jamais assez le rôle qu'ils ont joué dans l'avènement et le déroulement de la délirante présidence Trump. Ils cartonnent et révulsent en même temps. Non, la solution n'est pas de ce côté-là.
Où? Je n'en ai pas la moindre idée.

L'an 2020 - je l'ai relevé pour la Suisse - fut celui de l'apprentissage de l'humilité. Et de certaines retrouvailles. Pour être plus précis : des retours sur des occasions manquées.
L'une d'entre elles s'appelle Jeanne Hersch. Cette philosophe genevoise (1910-2000) fille d'immigrés juifs qui a eu pour compagnon le socialiste André Oltramare (frère du… fasciste George Oltramare, drôle de monde, n'est-ce-pas?) nous avait accueillis, nous les nouveaux étudiants, un jour d'automne 1968, dans l'aula de l'Université de Genève – le vieux bâtiment de Candolle, tout pétri de solennité. L'agitation des facultés françaises clapotait sur les rives du Léman. Je n'eus que peu d'attention pour ce corbeau noir à chignon qui alignait des mots à majuscule. J'étais amoureux, le reste comptait peu.
J'oubliai Jeanne Hersch, décrochai ma licence en sciences politiques, mention hautes études internationales, et l'oubliai aussi.
Cette année, furetant dans les rayons de la librairie Payot, je suis tombé sur un petit livre intitulé « L'étonnement philosophique ». Jeanne Hersch l'a écrit, pour les ignares dans mon genre, alors qu'elle avait 71 ans, l'âge qui sera le mien en 2021. Je l'ai feuilleté, soupesé, acheté, en lis un chapitre, laborieusement parfois malgré son style sobre et accessible, le laisse et le reprend. Cette femme a eu la générosité, la patience d'écrire ce livre pour les atrophiés de l'intellect dans mon genre. Le moins que je puisse faire est de le lire, d'en faire mon livre de chevet pour cette année qui vient.
Pour le reste, comme disait Guillaume Apollinaire:
Incertitudes, ô mes délices
Vous et moi nous nous en allons
Comme s'en vont les écrevisses
À reculons, à reculons

(Dessins de Marguerite Burnat-Provins, musée Jenisch, Vevey; portrait de Fred Boissonas, musée Rath, Genève; portrait de la danseuse russe Elizaveta Nikolska au Parthénon par Fred Boissonas, 1930, musée Rath, Genève; photographies Jean-Claude Péclet. Décembre 2020)