
Le vivant et l'artificiel

Au Festival d'Avignon de 1984, une exposition présentée à l'hospice Saint-Louis s'interrogeait sur les formes de l'art plastiques contemporains, les frontières de l'imaginaire en confrontant des réalisations d'artistes et des dessins, moulages, appareils provenant du patrimoine scientifique et biologique. D'une certaine manière, elle anticipait de quarante ans les débats actuels sur l'intelligence articicielle, comme en témoigne ce texte, rédigé pour l'occasion, de l'écrivain tchèque Vilém Flusser:
"La vie spontanée est ordonnée par le fil conducteur du temps linéaire. Les moments se suivent sans interruption, et ils forment une ligne qui demande le futur. Ce fil donne un sens à la vie, et ce sens est le futur. La vie artificielle n'est plus ordonnée par ce fil. Elle n'est plus unidimensionnelle, elle n'a plus de sens. Elle est absurde. La stratégie de la vie artificielle est celle de donner un sens aux moments vitaux qui se sont désintégrés. Les intervalles entre ces moments vitaux, ce néant dont la vie artificielle est bourrée, sont vécus en tant qu'ennui. Il s'agit, dans la stratégie de la vie artificielle, de dépasser l'ennui, cette miniature de la mort, et de donner un sens à la vie au-delà de l'ennui.
L'homme futur, conscient de la structure de la pensée. pensera, décidera, jugera et agira comme une intelligence artificielle ou comme un robot, à la différence qu'il sera engagé à donner un sens à tout cela en dialogue avec tous les autres hommes et toutes les intelligences artificielles. Il sera joueur. Et l'art de la vie deviendra le méta-jeu de toutes les autres disciplines, y compris la science, la technique, la politique et l'art au sens traditionnel de ce terme."
J'avais fait à l'époque quelques images de l'exposition, que j'ai numérisées récemment, et dont voici les principales.


