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On n'applaudit plus ?




29 octobre 2020. Pour dire les choses simplement, l'épidémie de Covid-19 est hors de contrôle. La Suisse affiche un taux de contamination (sur tests effectués) dix fois supérieur à celui qu'elle appliquait aux pays voisins pour imposer la quarantaine aux voyageurs qui en venaient. Et encore la Suisse teste-t-elle moins que la moyenne des Etats européens.
8600 nouveaux "cas" annoncés en un jour. La question n'est plus de savoir si on attrapera le virus, mais quand. Mes voisins, plus deux amis avec qui nous devions manger, plus un groupe copains avec qui je partageais récemment une cérémonie du souvenir: tous l'ont attrapé ces derniers jours. C'est grave, docteur ? On n'en sait rien. On se rassure en constatant qu'on en meurt moins aujourd'hui que fin mars.
Ce 29 octobre, le Conseil fédéral donne un nouveau tour de vis. On n'aimerait pas être à sa place. Son souci reste le même qu'au début de la pandémie: éviter l'engorgement des hôpitaux. Que le système (économique, de santé) continue de fonctionner tant bien que mal.
Notez que ce n'est pas un problème de lits. Il y en a bien assez. La Suisse regorge d'hôpitaux de réserve montés par la protection civile, les cliniques privées se plaignent de ne pas être assez sollicitées...
Non, le problème est de trouver assez de personnel compétent. Or justement, il en a marre, le personnel compétent. Il s'est donné à fond lors du premier choc, il a apprécié les applaudissements sur les balcons à neuf heures du soir, les petits gestes de la population. Mais il attendait des améliorations concrètes - prime mensuelle, compensation d'heures supplémentaires, etc. - de la part des autorités. Rien n'est venu, ou presque. En Valais, on a même entendu le député Cyrille Fauchère (UDC) dire à la tribune du Grand Conseil qu'après tout, médecins et infirmières n'ont fait que leur boulot, c'est pour ça qu'on les paie et basta.
Alors le personnel proteste. A la Suisse: pendant les pauses ou après le boulot. Une manifestation nationale est agendée à Berne pour samedi, mais vu les dernières décisions du Conseil fédéral, les syndicats s'attendent à la voir interdite. En attendant, ils étaient ce mercredi 28 devant l'hôpital de Rennaz, dont la direction impose un programme d'économies impliquant le non-remplacement des départs pour rattraper le surcoût du chantier et la gestion catastrophique du premier directeur de ce nouvel outil flambant neuf. Les revendications se limitent aux aspects salariaux et de bien-être du personnel.
A Lausanne, où on est plus politisé - "Covid partout, justice nulle part", dit un slogan - les syndicats dénoncent les inégalités et demandent que la santé soit considérée comme bien public, et non comme un service soumis aux lois du marché. Ils sont environ six cents réunis à 18 heures en face de la policlinique du CHUV et à descendre sur Saint-François.
Côté images: essayez donc de photographier une manifestation de nuit, sous la pluie, sans flash, avec un appareil à télémètre et mise au point manuelle, un masque sur le nez qui vous envoie la buée sur les lunettes... J'ai réglé le Leica M10 Monochrom sur 12500 ISO (il supporte bien), l'ouverture du 35mm. Summilux au maximum, et vogue la galère, mise au point au jugé sur certaines photos. Le résultat est ci-dessus.
Ci-dessous, la manifestation devant l'hôpital de Rennaz (Fuji X100V).





© Jean-Claude Péclet 2020. Reproduction soumise à autorisation