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Tourbière des Ponts-de-Martel

Un regard étranger est parfois nécessaire pour apprécier son propre pays. Celui d'Ashvin Gatha m'a fait découvrir les tourbières des Ponts-de-Martel, il y a plus de vingt ans.

 

J'avais rencontré Ashvin au milieu des années 1980 alors que je gérais la double-page "Galerie" de L'Hebdo, qui lui avait consacré son tout premier portfolio entièrement imprimé en quadrichromie. Difficile de faire autrement avec ce bourlingueur indien au regard pétillant dont la marque de fabrique était "Living Colours".

Avec le culot et la curiosité qui le caractérisaient, Ashvin s'est vite fait une place dans cette Suisse où il débarquait. La fraîcheur de son regard lui a valu des commandes sur la région Léman, pour une campagne d'affichage sur le gruyère, une autre (anti-tabac) pour l'Organisation Mondiale de la Santé. Et, un beau jour, un mandat de la Confédération sur les zones humides à préserver. Cartes en main, Ashvin Gatha a foulé la mousse élastique de la plupart des hauts- et bas-marais du pays, qu'il a fini par connaître mieux que quiconque. Une exposition à deux pas du Palais fédéral a couronné ce travail.

Les tourbières des Ponts-de-Martel, parmi les plus grandes de Suisse, étaient à l'époque quasiment à l'abandon, seuls quelques naturalistes et curieux y venaient. Du 17è siècle jusqu'à la seconde guerre mondiale, la tourbe a été exploitée comme combustible à défaut de charbon, puis comme terre horticole. Les terrains ont ensuite été drainés, soit naturellement par la végétation, soit par l'homme pour augmenter les surfaces agricoles. Ce n'est qu'après l'adoption par le peuple de l'initiative de Rothenthurm en 1987 que les autorités ont commencé à prendre conscience de la nécessité de préserver, voire reconstituer les zones humides - et encore ce souci est-il constamment contrecarré par d'autres impératifs.

Aux Ponts-de-Martel, les autorités cantonales, communales et une association de soutien ont heureusement pris les choses en mains, avec Pro Natura. Je n'étais pas retourné sur place depuis longtemps. Aujourd'hui, un sentier didactique de copeaux et de planches permet de se faire une bonne idée de ce qu'était l'exploitation de la tourbe (carte postale colorisée ci-dessous), au long d'une balade facile d'une heure environ.

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Les amoureux d'une nature plus sauvage se rendront quelques kilomètres plus loin, au bois des Lattes, où un magnifique marais recréé il y a quelques années était cerné de linaigrettes à houppe blanche quand j'y suis passé. D'autres plans d'eau y sont en voie de reconstitution. Un projet de Maison de la tourbière devait voir le jour à l'Hôtel du Cerf en 2021, il sera probablement retardé pour cause de coronavirus, mais semble en bonne voie. Avis aux amateurs: la Vallée de la Sagne, assez semblable aux aux Franches-Montagnes, est un paradis pour cyclistes et randonneurs, à proximité de moult curiosités historiques et naturelles.

Les images de cette galerie sont dédies à mon ami Ashvin Gatha (portrait ci-dessous) décédé d'un cancer à l'âge de 74 ans en mars 2015.

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