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Vallée de la Loue, à la recherche de l'heure bleue

Heure bleue: "période entre le jour et la nuit où le ciel se remplit presque entièrement d'un bleu plus foncé que le bleu ciel du jour". J'ignorais le sens de cette expression et son importance pour la photographie jusqu'à ce que mon ami Yves me demande si j'étais partant pour une balade de deux jours dans la vallée de la Loue où il désirait particulièrement, disait-il, photographier les vieilles maisons d'Ornans à ce moment du jour tombant, depuis le pont de pierre enjambant la rivière.

Ainsi fîmes-nous. Trépieds côte à côte, nous avons donc fixé l'heure bleue (première photo de la série) par des poses longues de 8 à 20 secondes - par un froid de canard, naturellement. Les canards, justement, nous regardaient faire avec indifférence, ils en ont vu d'autres. Le résultat, avouons-le, n'a pas été à la hauteur de nos attentes. L'eau pas assez laiteuse. Le ciel trop clair. les maisons trop sombres. Et puis l'éclairage de nuit que nous avait promis notre sympathique et entreprenant hôtelier s'est révélé être une balafre de néons fluos, bleus pétant, juste à ras de l'eau sous une rangée de maisons. Dans le genre, on a fait plus discret.

Bref, il y a heure bleue et heure bleue. Plusieurs facteurs influencent la tonalité de l'image finale - clair de lune ou pas, brume ou pas, qualité des lumières artificielles versus lumière naturelle, le fait que le plan d'eau soit éclairé ou pas, agité ou pas. Nullement découragés, nous nous sommes donnés rendez-vous tôt le lendemain matin pour guetter l'heure... gris-bleue virant rapidement au doré. Et là, bingo, la lumière nous a fait la fête. Les premiers rayons du soleil sur la vallée givrée ont pour effet de lever des volutes de brume sur la Loue. Dans la série ci-dessus, vous pouvez voir deux images du quartier de Nahin prises à dix minutes d'intervalle: la luminosité et la dominante changent du tout au tout.

Pour le reste, nous nous sommes arrêtés aux sources de la Loue, à Lods, Vuillafans dans une ancienne forge, une ancienne tuilerie près de Malbrans puis plus au sud à Cléron. Deux jours, c'est court pour sillonner cette vallée dont les replis recèlent moult trésors. D'autant plus qu'à l'orée de l'hiver, les contrastes violents de lumière ne sont pas faciles à gérer en milieu de journée. Le mieux serait de passer une semaine sur place en repérant différents endroits et de s'y rendre à l'heure magique, entre 7 heures 30 et 8 heures 30 le matin.

Les images de cette série ont été réalisées avec un Leica M10, objectif Summilux 35mm (sauf l'arbre d'or isolé, pris au 90mm.)

© Jean-Claude Péclet. Reproduction soumise  autorisation

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