Le corset
Lucie Violette Vallez est corsetière. Pas uniquement. Elle est aussi artiste burlesque connue sous le nom de Lulu Wite. Son spectacle "La Phalène d'argent", inspiré d'un film de Dorothy Azner (1933) et présenté début 2024 au cabaret le "Millers" à Zurich, évoque une aviatrice aventurière "qui préfère renoncer à l’amour des hommes pour pouvoir vivre ses passions intenses. Papillon de nuit, elle vole de ses propres ailes, jusqu’à atteindre les limites du ciel de verre."
Par contraste avec cette bourrasque romantique, l'activité couturière de Lucie Vallez dans son appartement-atelier lausannois est artisanale, minutieuse, silencieuse, presque monacale. Elle y réalise des corsets sur commande ou pour son plaisir. Des corsets? "Comment je peux être féministe et aimer les corsets?", anticipe-t-elle sur son blog face à la moue dubitative de ceux qui voient dans cet accessoire vestimentaire le symbole même de la femme... corsetée. À ces sceptiques, je ne peux que conseiller de lire sa réponse argumentée.
Ma démarche, au second semestre de l'année 2023, était plus simple: suivre pas à pas la confection de cette pièce de vêtement sur mesure, depuis les premiers dessins des pièces (je me souviens que les magazines de couture que consultait ma mère, dans mon enfance,comprenaient ce qu'on appelait alors des "patrons"...) constituant l'habit à venir jusqu'à l'épanouissement de la forme finale dans ses trois dimensions. Les images qui suivent ont été réalisées en cinq séances reportage et une séance de pose finale, en lumière naturelle pour les premières, au flash pour la dernière. Tout commence donc par un dessin reporté, avec des marges, sur le tissu et sa doublure.
Vient ensuite l'assemblage tissu-doublure des différentes pièces du corset, d'abord à la main avec des aiguilles puis à la machine, sans oublier le fastidieux mais indispensable travail du cordé, qui ont pour double fonction de renforcer et de former les parties qui devront épouser les formes du corps, et des glissières où se logeront les baleines du corset.
C'est aussi le moment de poser à l'aide d'une pince spéciale la douzaine d'œillets, de chaque côté, où passeront les lacets au dos du corset et la fermeture, sur le devant...
...tout ceci demandant, bien entendu, à être soigneusement mesuré. Les erreurs commises à ce stade ne pourront plus être corrigées ensuite!
Les quatorze pièces constituant le futur corset sont maintenant prêtes à être assemblées.
À partir de cette étape, le corset va petit à petit se transformer en objet à trois dimensions pour tenir son rôle consistant à soutenir les formes du corps sans les étouffer. Cela, bien entendu, grâce à des "baleines" de deux sortes: les plus rigides sont en acier spiralé, les autres en plastique (les fanons de baleine appartiennent au passé...).
L'objet ainsi formé paraît prêt à prendre son envol...
Mais il reste une étape importante avant l'assemblage final: le finissage des bords et la décoration.
Encore un travail de patience, dont voici le résultat.
Le corset est maintenant prêt pour l'assemblage final, l'essayage et les éventuelles retouches.
Dernière séance de pose: Lucie Violette Vallez dans son costume de couturière corsetière et Lulu Wite vêtue de sa plus récente création.
Lausanne, août 2023 - janvier 2024. Leica M10 + Summilux 35mm. f.1.4, Nikon D5500 + Micro-Nikkor 40mm. f2.8.
© Jean-Claude Péclet. Reproduction soumise à autorisation