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Buffet de la Gare, Lausanne

Fin décembre 2015, le Buffet de la Gare de Lausanne fermait ses portes juste avant son centième anniversaire - grands travaux ferroviaires d'agrandissement et de rénovation obligent.

Les amateurs de boiseries et de fresques d'époque ont retrouvé en 2018 la salle (classée) de l'ancien Buffet première classe, reconvertie en restaurant végétarien "Tibits". En self-service. Ils n'ont retrouvé ni la septantaine d'employés qui animaient les deux restaurants et trois points de vente à l'emporter de ce paquebot - ni sa cuisine, ni son ambiance unique. La plus ancienne de ces employé(e)s avait plus de quarante ans de service, ceux qui y travaillaient depuis plus de dix ans n'étaient pas rares.

Le Buffet, c'était le lieu de toutes les rencontres, de tous les éclats, de toutes les intrigues. Ses murs ont été les témoins privilégiés d'un siècle d'histoire vaudoise. C'est ce que j'ai raconté dans un long article publié par la revue "Sept Info" et que vous pouvez lire ici dans sa version intégrale.

Quant aux salariés de tous métiers et de tous pays, dont le sort a moins ému la gauche lausannoise que les salles de réunion où elle avait pris ses quartiers, j'ai décidé de les photographier tous dans leur environnement de travail avant qu'ils ne s'en aillent vers d'autres horizons, et de leur consacrer un livre à tirage limité.

En juillet 2022, le Buffet a repris du service, mais les travaux de la gare de Lausanne sont bloqués - lit-on - par une obscure querelle de pouvoir entre les fonctionnaires des CFF et ceux de l'Office fédéral des Transports. Les ronds-de-cuir se renvoient la balle, les politiciens couinent d'impatience, les usagers se résignent. Si un seul des employés photographiés ci-dessus avait montré le même laisser-aller dans son travail, on lui aurait montré la porte sans hésitation. Quand le Buffet a fermé, ils n'ont pas touché d'indemnité pour licenciement économique, car il s'agissait simplement d'une fin de bail annoncée suffisamment tôt.

Hommage, donc, à ces travailleurs.

Les images ci-dessus ont été faites avec un Sony A7S équipé d'un objectif Zeiss 50mm.

Lausanne, 2015. © Jean-Claude Péclet. Reproduction soumise à autorisation.

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