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"Bisogna morire..."

Lingueglietta: le nom évoque un fruit confit qui fond sous la langue. Le village domine la côte ligure, on y accède depuis San Lorenzo, à mi-chemin entre San Remo et Imperia. C'est sur la route en lacets qu'Anna m'a fredonné la "Passacaglia della vita" de Stefano Landi.

Lingueglietta est entourée d'oliveraies dont les murs de pierres sèches résistent de moins en moins aux assauts des sangliers. Probablement le village serait-il en ruines, à l'image du château qui le domine, si le tourisme ne lui avait fourni une source de revenus complémentaire. Après la deuxième guerre mondiale, le compositeur contemporain Luciano Berio fut un des premiers à tomber sous le charme de ces maisons séculaires, minuscules, biscornues, emboîtées les unes dans les autres, que l'on achetait  alors pour une bouchée de pain. Aujourd'hui, on relève pas mal de plaques allemandes et autrichiennes sur le parking du village, dont les rues pentues joliment restaurées ont été, pour le reste, rendues aux piétons. Des cyclistes s'entraînant sur le parcours Milan-San Remo font le crochet par le bourg en montant à Cipressa, dont dépend aujourd'hui Lingueglietta.

Ce ne fut pas toujours le cas. Poste d'observation bien situé et protégé pour prévenir les incursions barbares accostant en contrebas, Lingueglietta fut fortifiée dès le XIIIème siècle sous l'administration de la famille d'Anselmo de Quadraginta. San Pietro, rare exemplaire d'église-forteresse, rénovée de 2006 à 2010, accueille aujourd'hui les réunions locales et des mariages. Les contes de Lengueglia, vassaux de Gênes, prirent le relais pendant plusieurs siècles.

Près de l'église San Pietro, sous un passage voûté, on trouve d'anciennes vasques creusées à même la pierre: elles servaient à mesurer les quantités de grain ou de liquide, qui s'écoulaient ensuite par un orifice inférieur.

Devant les portes des maisons, on trouve souvent une ou plusieurs bouteilles d'eau: il paraît qu'elles empêchent les chats de parquer leur territoire en urinant sur le seuil.

Les images de cette galerie ont été faites avec un Nikon FM3A, le boîtier le plus sophistiqué qu'ait produit le constructeur japonais avant de passer au numérique. L'objectif est un Nikkor 28mm. f2.8, un des plus beaux "cailloux" dessinés par les ingénieurs de Nikon. Les films sont un Kodak Tri-X 400 ASA et un Kodak TMax 100.

Lingueglietta, Ligurie, 25-30 septembre 2023.

© Jean-Claude Péclet

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