Lidia
Lidia est une chanteuse cubaine établie à Lausanne dont la famille compte un illustre ancêtre: Benny Moré.
La séance de pose s'est déroulée en août 2018 dans les garages du Vallon, avec Yves Lassueur, ce qui permet de comparer les portraits réalisés par l'un et par l'autre. Les images ci-dessous, assorties d'un bref commentaire, sont celles qu'a choisies Lidia elle-même dans la sélection que je lui ai envoyée.
Reconstitution d'un éclairage de scène classique avec softbox de côté sur le visage et spot arrière sur les cheveux. Expérience faite avec les portraits dansés et en musique de Carrefour-Sud, j'ai demandé à Lidia de chanter pour qu'elle oublie l'appareil photo.
En règle générale, je demande aux modèles de... ne pas sourire, ou en tout cas de ne pas s'y forcer. Parfois, c'est presque mission impossible tant la personne tend naturellement à "ouvrir" le visage. C'est le cas de Lidia, dont la dentition est par ailleurs magnifique. Quant à son sourire, il tend vite, face à l'objectif, à devenir calibré pour la scène. Pour l'éviter, j'ai observé un mouvement de ses mains et lui ai demandé de le répéter, ce qui a permis de passer de la pose au jeu. La blouse de résille noire et les perles de couleurs (choisies par elle) rehaussent l'image sans en gêner la lecture et me convainquent plus que la robe léopard du premier portrait.
Ici, j'ai expressément demandé à Lidia de prendre un visage plus fermé, à la limite dur, pour voir ce que cela donnerait. J'étais à peu près sûr qu'elle éliminerait cette image. A ma surprise, elle l'a conservée, disant que c'est aussi un aspect de sa personnalité. Comme quoi il est parfois intéressant d'aller à contre-courant de ce qui peut paraître comme une évidence. A titre de comparaison, l'image ci-dessous montre ce que donne le même portrait non "coaché".
Après la session studio et ses tenues minutieusement étudiées. nous avons fait quelques photos-souvenirs dans la cour du Vallon avec le Rolleiflex de 1938 que j'avais emmené à tout hasard. Est-ce l'effet noir-et-blanc, le flou particulier de l'objectif Tessar 75mm. non traité ou simplement la pose plus décontractée que se permettait Lidia après la séance "officielle"? Toujours est-il qu'elle a placé les deux images noir-et-blanc ci-dessous parmi ses favorites.
Plus d'une fois, des personnes photographiées au Rolleiflex m'ont dit ou écrit qu'elles aimaient bien leur portrait parce qu'il a "une âme". Je ne sais pas trop ce que recouvre ce terme. Je crois surtout que le noir-et-blanc, désormais daté, donne l'impression d'extraire le modèle du flux temporel et que son rendu moins "clinique" que les optiques modernes des appareils numériques gomme utilement les détails - dont ceux qu'entraîne le passage du temps, justement.
© Jean-Claude Péclet. Reproduction soumise à autorisation