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Myriam Duc

A la voir, on imagine mal le calvaire qu'a été son enfance. Je ne le raconterai pas ici, Myriam Duc l'a fait dans un livre intitulé "Itinéraire d'une survivante" et dans diverses interviews, dont celle donnée à Arte en août 2020.

Il suffit de savoir que là où d'autres auraient succombé aux pressions d'une mère-bourreau, doublées chez elle d'un syndrome d'Ehlers-Danlos qui lui a valu, entre autres, deux opérations à coeur ouvert, elle a trouvé en elle-même une volonté et une énergie hors du commun. Ses coaches Diego et Jamal l'ont encouragée et suivie dans des performances sportives que la Faculté jugeait hautement improbables, sinon fortement déconseillées.

J'ai rencontré Myriam au domicile d'une autre aventurière, Sarah Gysler. Elle y avait déposé dans l'entrée un gros sac renfermant son équipement de boxe et parlait avec enthousiasme de la licence pour combattre qu'elle espère bientôt décrocher. Cela m'a intrigué, j'ai acheté et lu son livre. Honnêtement, ce n'est pas de la grande littérature, il est écrit un peu "à l'arrache", mais le témoignage vaut pour ce qu'il est: brut et parfois brutal, ouvrant une lucarne sur la réalité peu reluisante que cachent les murs de certaines demeures bourgeoises suisses et les refuges où se côtoient les cabossés de la vie.

 

Il y a aussi un passage d'une belle lucidité, quand Myriam Duc se rend compte qu'elle est en train d'épuiser son corps en enchaînant les exploits sportifs pour se prouver... quoi au juste ?  Que ses parents la jugeaient mal ? Qu'elle est plus forte que la maladie ? Elle n'a plus à le faire. Bouffée de sérénité chez cette jeune femme qui a connu plus de hauts et de bas dans sa jeune existence que bien des octogénaires !

Un autre passage casse les clichés négatifs que la plupart d'entre nous avons sur le Pakistan. Elle a adoré ce pays qu'elle a sillonné seule, dans les bus locaux, y rencontrant une championne dans une école féminine de combat MMA. Qui aurait pensé cela possible dans ce pays dont l'écrivain V.S. Naipaul nous a dressé un portrait si noir ? Myriam est retournée plusieurs fois au Pakistan et projette d'y aller encore.

Voilà le peu que je connais d'elle. Côté images, celles que l'on voit la montrent en battante, toujours sur la brèche - presque fatigante à force d'adrénaline. Je voulais montrer autre chose: la douceur de son regard, une Myriam "au repos", prenant le temps de se laisser vivre. Je n'avais guère d'idées en tête, sauf une - empiler ses deux gants de boxe sur lesquels je lui ai demandé de croiser ses deux mains plutôt menues, évocation du jeu d'enfance "pain un, pain deux..., pincette !"

Sur la dédicace qu'elle a rédigée avant de partir sur la page de garde de son livre, Myriam me souhaite de "transformer mes rêves et mes espoirs en réalité". Bon, il me reste moins de temps qu'elle pour cela, mais je sais, ce n'est pas une excuse ;-)

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© Jean-Claude Péclet 2020. Reproduction soumise à autorisation.

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