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H. R. Giger en 1979

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Ma cave ne déborde pas de cartons renfermant des trésors insoupçonnés. En plusieurs décennies de pratique photographique, j'ai néanmoins rassemblé plusieurs classeurs et quelques dizaines d'enveloppes où sont rangés, avec plus ou moins de rigueur, quelques milliers de négatifs, d'un faible intérêt documentaire pour la plupart.

Mais pas tous. C'est dans une de ces enveloppes que j'ai retrouvé douze portraits (un rouleau de pellicule 6x6cm.) de Hans Ruedi Giger (1940-2014) que j'avais fait à son domicile zurichois. L'enveloppe porte encore la date exacte de prise de vues: 1er mars 1979. Soit l'année où est sorti sur grand écran le premier film "Alien" de Ridley Scott.

 

H. R. Giger, formé au dessin industriel mais passionné très jeune par l'univers fantastique, a peu à peu développé son univers de créatures biomécaniques ("Necromicon"). Remarqué pour son travail sur un projet d'adaptation de "Dune", il a été engagé par Ridley Scott pour créer le fameux "huitième passager", cauchemardesque à souhait, du vaisseau spatial dans "Alien".

En 1979, Giger commençait à être connu et allait atteindre la célébrité un an plus tard en partageant un Oscar pour les effets spéciaux d'"Alien". Par la suite, ses projets cinématographiques ont eu moins de succès, mais Il avait son public, qui lui est resté fidèle. Un musée lui est consacré à Gruyères, où il est enterré.

Je l'avais rencontré pour l'interviewer, ravi de cette occasion de le prendre en photo chez lui. Je me souviens d'une maison où dominait outrageusement la couleur noire - y compris ses vêtements, le mobilier, la vaisselle. Un noir dont émergaient sur les murs les créatures laiteuses et inquiétantes de "Necromicon". Une maison-décor qui m'avait laissé une impression mitigée, surtout quand j'avais appris que H. R. Giger y recevait les élèves de l'Ecole-club Migros. Ce mélange de suissitude et de science-fiction croque-mitaine détonnait. De H. R. Giger lui-même, je garde le souvenir d'un artiste à la bienveillance ironique, patient avec le jeune journaliste que j'étais, prenant la pose que l'on attendait de lui.

Après la publication de l'article, les négatifs sont restés quarante-cinq ans dans leur enveloppe. Je m'étais promis de les en sortir un jour. La projection du dernier "Alien" (que je n'ai pas vu) m'en a donné l'occasion. Dépoussiéré, scanné avec un Epson V850 et traité avec Lightroom et  Nik Silver Efex, voici donc, resurgi du passé, le visage de H. R. Giger tel qu'il se présentait en 1979.

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© Jean-Claude Péclet. Reproduction soumise à autorisation.

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